VILLE-MONDE VÉGANE — UTOPIA POUR LES VIVANTS — EN LISANT “ZOOPOLIS” DE SUE DONALDSON & WILL KYMLICKA

VILLE-MONDE VÉGANE — EN LISANT “ZOOPOLIS” DE SUE DONALDSON & WILL KYMLICKA
« Ils ne souffrent jamais qu’un citoyen tue aucune bête,
parce qu’ils pensent que par cela petit à petit
on pourrait perdre la pitié et la clémence,
qui est la plus humaine affection de notre nature. »
Raphaël à Morus, L’Utopie, livre second. Thomas More

 

« Nous entrons dans une pensée qui doit avoir de l’avenir — il en va de la sauvegarde écologique globale — de la zoopolitique. Il n’est pas besoin, en définitive, de donner des droits aux animaux, cette projection de nos propres Droits de l’Homme.
Il faut repenser notre façon de voir, de faire, de vivre notre politique. »
— d’après P. Llored — philosophe
lors de la conférence Du Coq à l’Âme
organisée par l’Association La Nuit avec un Moustique
Fontenay-sous-Bois ; 6 juin 2015

 

   Le conseil étant éclairé et motivant, nous n’avons pas pu attendre la publication en français de l’essai Zoopolis (A Political Theory of Animal Rights) (2011) de Sue Donaldson et Will Kymlicka.
Zoopolis   Bien que Patrick Llored explique qu’en fin de compte les animaux n’ont que faire d’avoir des droits, précisons tout de même pour les non anglophones, que Zoopolis est sous-titré : Une théorie politique des droits des animaux. C’est dire que l’ouvrage fait suite, d’un point de vue tout à fait anticipateur — façonnant au fil de la réflexion une sorte d’utopie créatrice — aux travaux des pairs de la philosophie de la question animale que sont Peter Singer, Tom Regan, Gary Francione, entre autres et pour les plus célèbres. À cela Sue Donaldson et Will Kymlicka ont structuré leur pensée à l’aide de penseurs écologues, de l’éthique de l’environnement tels que Clara Palmer, Martha C. Nussbaum ou encore John Baird Callicott ou Steve Sapontzis, etc. (penseurs de la deep ecology [écologie de fond] et de l’écosophie). Zoopolis est écrit sous un angle général libéral, où il faut ici entendre « libéralisme » dans le sens de l’émancipation et de la protection de tous les individus, en dehors de son usage courant (si ce n’est : galvaudé) associé à une économie capitalistique et, paradoxalement mais c’est un paradigme à la fois, concurrentielle. Si le capital se targue de ressembler à la Nature — d’être naturel — en cela que dans le procès du travail, dénoncé par Marx[1], de type production-forme-marchandise/ abandon de la forme-marchandise/ retour à la forme-marchandise, et par conséquent de se la jouer « éternel retour », il n’en va pas de même ici où le cadre social-économique ne se donne pas des airs faussement évolutionnistes pour se justifier. Ici tout est mis à plat, et on pourrait même dire mis à plat de manière ontique, c’est-à-dire aux sens des « étant-vivants » hic et nunc et ensemble sur cette Terre.
   Petit survol de cette ville-monde végane idéale. Lire la suite