AU SUJET DE « HORS SUJET » — CONFÉRENCE SUR LES MÉTHODES SUBSTITUTIVES À L’EXPÉRIMENTATION ANIMALE

AU SUJET DE « HORS SUJET »

 

 

 

La recherche fondamentale (ou recherche académique) désigne « des travaux expérimentaux ou théoriques entrepris essentiellement en vue d’acquérir de nouvelles connaissances sur les fondements de phénomènes ou de faits observables, sans qu’aucune application ou utilisation pratiques ne soient directement prévues. » Ceci représente environ 90% de la recherche.

 

« Le peu qu’on peut faire, le très peu qu’on peut faire,
il faut le faire, pour l’honneur, mais sans illusion. »
Théodore Monod (1902 – 2000)

 

— « Toi, mon bonhomme, tu serviras nos expériences ! »
Quelles expériences ?
On pouvait lui injecter du phosphore, puis l’enfermer dans une cave pour voir s’il rendrait du feu par les naseaux. Mais comment injecter ? et du reste, on ne leur vendrait pas de phosphore.
in Bouvard et Pécuchet — Gustave Flaubert (1881)

 

 

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« Nous étions arrivés les premiers… »

 

   Le 19 juin 2016, nous avons assisté à la conférence HORS SUJET organisée par Lucille Peget et son association La Nuit avec un Moustique, salle Jean Dame dans le 2ème arrondissement de Paris.
   Jacques Boutault, le maire de l’arrondissement, a rappelé qu’aujourd’hui si le public comprend bien les questions liées à l’environnement et la santé (consommation de viande, impact climatique), l’argument de la sensibilité animale est moins bien perçu, a fortiori face à une recherche scientifique censée guérir les humains.
   Pourtant, à l’écoute des différents intervenants, il ressort que l’expérimentation animale appartient bel et bien à un autre temps de la recherche, celui du XIXème siècle. Un archaïsme qui perdure grâce à la rigidité d’un système bien rôdé où les subventions publiques permettent à la fois d’entretenir le mythe de l’analogie homme-animal comme garant de la fiabilité du soin apporté aux hommes, tout en laissant les coudées financières franches à des groupes industriels pharmaceutiques privés qui tirent profit de la méconnaissance du public des enjeux économiques et politiques bref, de pouvoirs, et qui limitent volontairement le développement de méthodes non plus « alternatives » mais véritablement modernes et d’avenir.

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   Audrey Jougla, auteure du livre Profession : Animal de laboratoire, nous rappelle qu’il faut réfléchir au problème de l’expérimentation animale car c’est une question morale qui interroge sur le modèle de société dans lequel on veut vivre. Une intervention convaincante à l’image de son travail d’enquête, non dépourvue d’émotion : elle a été témoin de ce que l’on cache dans les sous-sols des labos.
Et si nous étions à leur place ? (vidéo présentée par A. Jougla)

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   André Ménache, vétérinaire et directeur d’Antidote Europe. Il déplore que la recherche fondamentale, ce qui est le plus pratiqué, le soit à l’encontre du vivant pour un résultat infime. Imaginez : sur 25 000 articles publiés, seul 0,004% conduit au développement de médicaments utiles à la médecine clinique. Au lieu de toutes ces vies et cet argent perdus, on ferait mieux de travailler sur des champs comme la toxicogénomique et la pharmacogénomique. Le modèle animal le plus proche de l’Homme ne sera jamais le meilleur. (Nous ne sommes pas des rats de 70 kilos)
Conférence d’A. Ménache à Quimper en 2015

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   Christiane Laupie-Koechlin et Christophe Furger. Madame Laupie-Koechlin nous fait un historique de la création de Pro Anima, ce comité scientifique qui dénonce l’inutilité de l’expérimentation animale et soutient la recherche de pointe dans le domaine médical, et récolte des fonds dans le but de développer et promouvoir les méthodes dites alternatives. C. Furger est chercheur en biologie cellulaire. Il nous a présenté Valitox, un modèle éthique de tests de toxicité sur des cellules en culture.

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Pascal Durand est Euro député écologiste. Avec lui, nous avons bien réalisé qu’il n’y a que si la société civile se mobilise que nos représentants politiques auront un poids pour défendre la question de la cause animale au sein des institutions Européennes. En effet, à l’heure actuelle, le système subit une inertie due au placement d’experts payés par les lobbies et de décisionnaires des nations finissant leurs carrières à l’Europe et qui ne veulent surtout pas que les choses changent. Tout est sous la coupe de l’économie de marché. Gare au traité transatlantique qui mettrait encore plus à mal la condition animale…

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  Christophe Mas, chercheur d’Oncothéis. De formation scientifique classique, il est la preuve qu’on est pas obligé de suivre des modèles d’expérimentation dépassés. Avec Oncothéis, il a mis au point des reconstitutions cellulaires complexes de tissus humains (en l’occurrence ici, du poumon) durables dans le temps et permettant de reproduire à l’envie toutes conditions d’émergence de cancers et d’évaluer le comportement des tumeurs en fonction des molécules testées en vue d’obtenir un traitement fiable. À l’heure actuelle l’expérimentation animale coûte très cher pour des résultats insignifiants pour le cancer pulmonaire. L’industrie pharmaceutique observe donc avec grand intérêt l’évolution de ces techniques de pointe mises au point par des Start Up indépendantes comme Oncothéis. C. Mas a apporté un sentiment très positif à la conférence en affirmant qu’il ne doute pas que désormais l’utilisation de ces nouveaux modèles ne sera plus « alternative » mais tout à fait conventionnelle, et mettra fin au déplorable « travail avec les animaux ».
Observation de croissance de tumeurs en tissus cellulaires pendant 60 jours (fluorescence des nodules adénocarcinomes [GFP +]) OncoCilAir™
*
   Une page technique se tourne dans l’Histoire de la recherche médicale. La vivisection n’est plus de mise pour les raisons évoquées ci-dessus. Comme le dit Audrey Jougla, une bonne partie de l’expérimentation animale a lieu aussi dans un secteur sur lequel nous pouvons directement agir. C’est celui de la cosmétique et des produits d’entretien en changeant nos habitudes de consommateurs. Il n’est pas non plus nécessaire de se surmédicamenter pour de petits désagréments du quotidien.
   Pascal Durand rappelle qu’il est également important de se mobiliser comme par exemple en soutenant des pétitions, des événements, etc., car cela peut marcher.
   Il faut conserver à la fois de la défiance et de la confiance dans la continuité du progrès technique, pourvu que nos choix individuels et collectifs soient basés sur une démarche éthique. Comme ces chercheurs et chercheuses visionnaires l’ont compris, il est temps de se libérer du modèle animal pour enfin préserver toutes les vies : celles des animaux et des humains.
   Nous sommes sortis de près de cinq heures de conférence totalement ravis. Nous avons pu allumer notre cigarette de tabac non testé sur les animaux en nous disant que grâce à Christophe Mas et ses équipes notre cancer du poumon sera soigné par un traitement efficace et surtout végane !

 

K&M

 

Pour en savoir plus sur ce sujet et son histoire, notre article ici.

6 réflexions sur “AU SUJET DE « HORS SUJET » — CONFÉRENCE SUR LES MÉTHODES SUBSTITUTIVES À L’EXPÉRIMENTATION ANIMALE

  1. J’adore le nom de cette association 🙂 Et les tests sur les animaux… La torture, plutôt ! C’est pour ça que chez moi, pas de cosmétiques testés, les produits ménagers sont réduits à un minimum (vinaigre/savon noir, bicarbonate), etc. Quant aux médicaments, maintenant que nous sommes vegans et que nous mangeons bio, autant dire que nous n’en avons quasiment plus besoin – on se rabat sur les huiles essentielles et ça fonctionne très bien.
    Un autre gâchis au niveau des animaux, ce sont ceux des supermarchés. Mon ex-voisin était chauffeur/livreur et ramenait constamment à sa famille une quantité de charcuteries, viandes, fromages qui étaient invendus dans le magasin et qui allaient partir à la benne. Les chauffeurs partageaient entre eux, donc imaginez ce que ça pouvait donner au total et ce, dans une seule entreprise ! Des animaux tués pour des prunes plutôt que de voir des rayonnages vides…

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    1. C’est tout à fait juste. On fait comme toi et ta famille concernant les produits ménagers, idem pour les cosmétiques, et la santé ça roule !
      Concernant le gâchis alimentaire ou autre c’est un drôle de délire aussi. Nous commençons, bien que déjà consommateurs très avertis et raisonnables, à nous orienter vers le zéro déchet. Quitte à être cohérants, autant l’être jusqu’au bout, véganisme et écologisme étant les deux grands pans d’une même éthique.
      Merci pour ton mot Iza la Red ! 🙂
      @+
      K&M

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  2. Je fume un truc vegan aussi mais rien qui ne me causera de cancer 😉
    Je vais regarder de plus pres la toxicogénomique et la pharmacogénomique et en parler sur le blog, merci pr l’idee 😀

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