ROMAN ROSSE DE BLÖSCH — SUR « LA VACHE » DE BEAT STERCHI — D’UN RÉALISME À MORT L’AUTRE AVANCE SUR SON TEMPS

BLÖSCH — SUR « LA VACHE » DE BEAT STERCHI — D’UN RÉALISME À MORT L’AUTRE

 

« Il y a des animaux ainsi faits, ils ont beau être innocents et malheureux et tout, on le sait, on leur en veut quand même. Il leur manque quelque chose. »
Céline — Voyage au bout de la nuit (1932)

 

« Parce que l’homme était initialement herbivore, l’introduction de la faune sur la table suppose une mutation de la nature humaine. »
p.28 in Les nourritures divines. Essai sur les interdits alimentaires — Olivier Assouly (2002)

 

« […] cette échine qui ne se rompt pas, cette masculinité entêtée, et il y a la machine, la chaîne, […] »
p.59 in Abattoirs de Chicago — Jacques Damade (2016)

 

   Comment vous parler d’un des romans les plus crus, les plus violents que j’aie jamais lu ? Comment vous dire tout à la fois combien cette œuvre — cet écrit-ci de littérature pure, joyau brut qui vous frappe en plein cœur comme le matador sur le chanfrein de la bête affolée vous perfore, vous dévore, vous anaphore. Comment vous dire que ce roman inédit — on veut dire par là qu’il ne peut y en avoir aucun autre comparable — est un voyage dans une saison infernale qui ne prend fin qu’avec le supplice aux cent morceaux de Blösch ? Comment vous dire ? Comment vous dire la transfiguration de l’horreur, en une forme de beauté extatique qui n’enlève rien à l’épouvante de la réalité que livre la fiction mais y respire parmi la terre ensanglantée ces ultimes et maladives fleurs ?

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L’ESPRIT FRAPPEUR — PETIT THÉÂTRE POUR THOMAS LEPELTIER, D’APRÈS « LES VÉGANES VONT-ILS PRENDRE LE POUVOIR ? »

L’ESPRIT FRAPPEUR — D’APRÈS « LES VÉGANES VONT-ILS PRENDRE LE POUVOIR ? » DE THOMAS LEPELTIER

 

« Je me sers des animaux pour instruire les hommes. »
Jean de la Fontaine (1621-1695)

 

« Retracer l’essor de l’animal humain au cours des trois derniers millions d’années permet de mieux marquer l’inversion du mouvement récemment amorcée. »
p.635 in Le troisième chimpanzé — Jared Diamond (1992)

 

« Je m’assieds sur une chaise, me laisse tomber plutôt car tout à coup je pense avec accablement à notre planète en souffrance — oui, c’est le mot, ils souffrent tous, l’étang, les arbres, les insectes et les bêtes, comment en sommes-nous arrivés là ? »
p.150 in « Merlin » dans Nous sommes à la lisière — Caroline Lamarche (2019)

 

L’ESPRIT FRAPPEUR
Courte pièce de théâtre en trois actes très brefs
d’après Les véganes vont-ils prendre le pouvoir ?
de Thomas Lepeltier
   Les trois actes se déroulent dans un même lieu, avec les mêmes personnages ou presque. La scène : un terrain vague d’Ivry-sur-Seine où était autrefois implanté un abattoir. Les personnages principaux : des amis qui cherchent à investir leurs économies dans un projet de ferme immobilière parisienne pour redonner ses lettres de noblesse à l’élevage traditionnel. On ne connaît pas leurs noms mais juste leurs initiales. Il y a A. F., J. P., R. E., D. L., F. W., J.-P. D. et P. A. Passeront par-là le Végano-sceptique et enfin l’Esprit Frappeur et le Maire d’Ivry.
*
ACTE I
   Arrivés sur les lieux de leur projet, les amis forment un singulier conciliabule au beau milieu du grand terrain vague. Alentour d’immenses fosses ou mottes de terres. Quelques engins de chantiers. Quelques pans de murs de briques en ruines. Aux limites du terrain, des grillages ou des panneaux en métal graffés et tagués abondamment. Tandis qu’ils devisent sur leurs ambitions un des amis laisse tomber d’une des poches de son blaser un petit livre à la première de couverture colorée.
J. P. : Qu’est-ce que c’est… mais ! (se penchant plus prestement que le propriétaire du bouquin pour le ramasser) Tu lis ça toi ?

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LES ENFANTS NE SONT PAS BÊTES — LES ANIMAUX NON PLUS — TROIS ALBUMS DE JEUNESSE ET POUR CAUSE

TROIS ALBUMS DE JEUNESSE ET POUR CAUSE

 

Les publications destinées à la jeunesse « ne doivent comporter aucun contenu présentant un danger pour la jeunesse en raison de son caractère pornographique ou lorsqu’il est susceptible d’inciter à la discrimination ou à la haine contre une personne déterminée ou un groupe de personnes, aux atteintes à la dignité humaine, à l’usage, à la détention ou au trafic de stupéfiants ou de substances psychotropes, à la violence ou à tous actes qualifiés de crimes ou de délits ou de nature à nuire à l’épanouissement physique, mental ou moral de l’enfance ou la jeunesse. Elles ne doivent comporter aucune publicité ou annonce pour des publications de nature à démoraliser l’enfance ou la jeunesse. » (Wikipédia)
Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse (modifiée en 2011)

 

« Ça tombe bien : la cause animale enseigne l’empathie, le respect du vivant, l’acceptation des différences et la non-violence. Alors auteur-e-s de jeunesse et militant-e-s, foncez tant qu’il est encore temps. Vous ne tombez pas sous le coup de la loi […]. »
K.

 

 

   Comme vous pouvez le constater sur notre blog, le rythme des publications qui ont trait à la cause animale ne cesse de s’accélérer. Alors souvent, avec M., on pense à la chanson de Mary Poppins :
Prenez l’ rythme
Prenez l’ rythme,prenez l’ rythme
Venez les gars, prenez l’ rythme
Prenons l’ rythme
   Et on peine, on peine… Mais cet essoufflement, on doit l’avouer, nous ravit. Une fois n’est pas coutume, je vous propose la présentation d’ouvrages de jeunesse parus dans un mouchoir de poche (les 11 et 12 octobre). Car si le public adulte peut s’informer sans trop chercher aujourd’hui, il est important que nos chères têtes blondes, rousses, brunes, noires, châtaines […] soient sensibilisées au respect du vivant sous toutes ses formes de façon ludique et intelligente, loin des icônes spécistes et sexistes qui ont nourri notre enfance (je pense à Martine à la ferme et les petits porcelets tous mignons qui vont finir en saucisses, mais ça l’histoire ne nous le dit pas, ou bien encore aux Petites Ménagères de Sarah Kay, dont je dois avouer feuilleter encore parfois les pages avec beaucoup de nostalgie, grrrr !…)

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ANIMOSITY — UN COMICS PAS TRÈS DRÔLE — AMERICAN WAY OF ANIMALIFE

ANIMOSITY — UN COMICS PAS TRÈS DRÔLE

 

Why are you doing this to me?
Am I not living up to what I’m supposed to be?
Why am I seething with this animosity?
(Hey god) I think you owe me a great big apology
Terrible Lies (album Pretty Hate Machine) — Nine Inch Nails – 1989

 

 

   La question animale ne cesse de s’inviter dans les publications, c’est une évidence.
   Aujourd’hui, c’est une tendance lourde au point qu’il est parfois difficile de savoir s’il s’agit d’un véritable centre d’intérêt pour les auteurs ou s’ils ont juste peur d’être « à la ramasse » s’ils ne l’évoquent pas. L’envie me chatouille à chaque fois de démêler le vrai du faux, en fouillant sur le net.
   Mais non pardi, il ne faut pas, seule l’œuvre compte ! Concentrons- nous plutôt sur ce qu’elle nous évoque.
   J’ai déniché encore une bande dessinée à la couverture et au titre évocateur : AnimOsity de Marguerite Bennett, et illustrée par Rafael De Latorre, parue aux éditions au nom énigmatique de : Snorgleux.
   Pitch : à l’instar du roman L’Éveil de Jean-Baptiste De Panafieu, les animaux acquièrent du jour au lendemain le même degré de conscience que les humains. Et au vu de tout ce qu’ils ont subi de leur part, ce réveil va s’avérer… comment dire… quelque peu violent…
   Dès le début nous est d’ailleurs rappelé textuellement l’hécatombe animale pour notre consommation (des vignettes quant à elles n’oublieront pas de narrer tout le mal que l’ont fait aux autres êtres sensibles pour nos loisirs,  et dans le but soi-disant de les « préserver », et aussi, entre autre, via l’expérimentation).
   Nous est rappelée la supériorité du nombre d’animaux peuplant la planète et le nombre d’humains… et là effectivement on se dit que s’il leur prenait la mauvaise envie de se venger, eh ben…, clairement ça chaufferait pour nous.
   Jesse est une petite fille de onze ans. Elle perd rapidement ses parents dans la tourmente (que s’est-il réellement passé ???). Elle est protégée par son fidèle compagnon canin Sandor qui lui est, bien qu’éveillé, encore tout dévoué. Ils décident de se rendre en Californie pour tenter de retrouver le demi-frère de Jesse : Adam.
   C’est là que commence une aventure très périlleuse.

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*
   Tout à trac vous donner les thématiques abordées par ce premier tome qui en compte déjà quatre de sortis aux States :
   La question de la prédation inter-espèces (faut-il vraiment donner de la nourriture végétale aux carnivores ?)
   La question des droits des animaux, de la politique.
   La question de la surpopulation.
   Et au travers de ces animaux « humanisés », une critique du militarisme et du racisme.
   N’étant pas experts en BD, on peut dire qu’il y a dans AnimOsity un beau travail de figuration, de plans (vignettes), et que De Latorre a dû prendre beaucoup de plaisir à animer tous ces animaux. Alors justement, comme on n’est pas experts, la lecture de certaines pages, vu l’enchevêtrement des vignettes, s’est avérée parfois un peu difficile.
   Pour l’instant, on peut dire que le premier tome d’AnimOsity intitulé The Wake (l’éveil) est plein de promesses tant les questionnements soulevés sont d’actualité et même interrogent nos rapports aux animaux dans le sens des interrogations contemporaines. Espérons qu’ils trouveront un écho pertinent dans les tomes à venir ! À suivre de près donc…

 

K.

 

AH ! ÇA IRA […] L’ÉGALITÉ PARTOUT RÉGNERA — RÉFLEXIONS D’APRÈS « COMME DES BÊTES » — (HISTOIRE POLITIQUE DE L’ANIMAL EN RÉVOLUTION [1750-1840]) DE PIERRE SERNA

L’ÉGALITÉ PARTOUT RÉGNERA — RÉFLEXIONS D’APRÈS « COMME DES BÊTES » — PIERRE SERNA

 

 

 

 

« En effet, l’essence transformée de l’agir humain modifie l’essence fondamentale de la politique. »
p.37 in Le principe responsabilité — Hans Jonas (Champs essais)

 

« Canius promène son esclave comme un animal de compagnie… »
(cité par Martial)
p.177  in Cave Canem — Textes réunis par Jean-Louis Poirier

 

« Non je ne connais pas l’Afrique
Aigrie est ma couleur de peau
La vie est une machine à fric
Où les affreux n’ont pas d’afro »
Mama Sam sur l’album « Je dis Aime » — M (1999)

 

— Petite histoire d’une entrée en République —

 

   Dans son précédent ouvrage L’Animal en République, l’historien Pierre Serna nous avait entretenu-e-s de ce qu’entre la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe, en France, une période charnière avait eu lieu, portée par les aspirations d’une époque qu’on pourrait appeler de « proto-écocitoyenne » en cela qu’en même temps fut déclarée l’abolition de l’esclavage (1794) et qu’un courant scientifique montant commençait de montrer les relations interspécifiques complexes entre tous les êtres vivants, laissant poindre doucement l’idée d’une zoopolitique possible qui aurait pu ceindre le développement industriel à venir, et le contrôler en prenant soin des vivants… « ébauche écohistorique » (critique de la civilisation européenne)[1] écrivait P. Serna, qui n’a pas eu le temps d’éclore, écrasée sous les bottes de la dictature napoléonienne et toute chiffonnée par l’amalgame consistant tantôt à animaliser certaines franges de la population au prétexte du rapprochement biologique avec les animaux — les grands mammifères primates en tête. Avec Comme des bêtes (Histoire politique de l’animal en Révolution (1750-1840)) Pierre Serna signe le récit captivant et éclairant d’une chute de l’Homme vers sa modernité et ses nauséabondes facondes.  Lire la suite

— BESTIART — ÉPISODE 2 : LE CHEVAL

— BESTIART —

Les Animaux dans l’Art
  « BestiArt, c’est une série culturelle basée sur la représentation animale en art. Une façon de mettre en avant des artistes et leurs œuvres choisies, tout en proposant une réflexion libre sur celles-ci, à l’intérieur d’un questionnement sur le rapport que l’humain entretient avec les animaux. Chaque épisode aura sa thématique, à savoir : un animal en particulier. »
K&M

 

— BESTIART — ÉPISODE 1 : L’OISEAU

— BESTIART —

Les Animaux dans l’Art
  « BestiArt, c’est une série culturelle basée sur la représentation animale en art. Une façon de mettre en avant des artistes et leurs œuvres choisies, tout en proposant une réflexion libre sur celles-ci, à l’intérieur d’un questionnement sur le rapport que l’humain entretient avec les animaux. Chaque épisode aura sa thématique, à savoir : un animal en particulier. »
K&M

 

LES HUMAINS MIS À NU — « ANIMAUX » D’EEVA MELTIO — COUP DE CŒUR

LES HUMAINS MIS À NU — « ANIMAUX » D’EEVA MELTIO

 

 

« Un homme doit tenir sa parole et un taureau conserver ses cornes. »
Proverbe finlandais

 

 

   Derrière chaque livre se cache un-e auteur-e, mais il ne faut pas oublier qu’il y a également une maison d’édition. Ce qui est particulièrement intéressant avec les petites maisons d’édition, c’est qu’elles ont souvent une ligne directrice plus marquée, relevant d’un choix éditorial assumé et parfois même, à côté de l’art, politique. C’est le cas des éditions Cambourakis dont on vous avait déjà parlé avec le superbe roman de William Kotzwinkle Docteur Rat.

cambourakis

Cambourakis propose des ouvrages de littérature, de bande dessinée et des livres pour la jeunesse, de qualité, de belle facture, engagés et sortant souvent des sentiers battus. Pour preuve leur Collection Sorcières, entièrement consacrée à la publication de textes militants et féministes. Pour les lecteurs et véganes que nous sommes — et vous autres aussi — il y a de quoi y trouver son compte.
    Viens de paraître chez Cambourakis un petit livre de bande dessinée pas ordinaire. Dès la couverture on est intrigué, et le titre… comment dire, bah vous l’ouvrez le livre n’est-ce pas ? C’est Animaux le livre !animaux-eeva-meltio

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